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le temps qui passe
« Des yeux et un esprit illuminés devraient reconnaître que chaque moment a sa propre forme qui est différente de tout autre moment ».
Shundô Aoyama
M’inspirant du célèbre « Ça-a-été » de Roland Barthes, qui définissait la fixité comme l’ordre fondateur de la photographie – rappelons, tout de même, que la photographie donnera naissance à la chronophotographie, qui elle-même annoncera le cinématographe des frères Lumière – j’ai travaillé de manière connexe sur la notion d’impermanence, grâce à l’hybridation de deux médiums que sont la photo et la vidéo. Empruntant à la fixité du cadre photographique, et à la fluidité de l’image vidéo, j’ai tenté de révéler de manière sensible le concept de Barthes, car si cela « a été » c’est précisément que « cela n’est plus » !
La photographie est en grande partie, depuis son invention jusqu’à nos jours, tournée vers l’arrêt, « la défense contre le temps », l’angoisse du précaire, de l’impermanence qui nous pousse, vaille que vaille, à vouloir fixer artificiellement le temps. Vanitas vanitatis. C’est, bien entendu, sans compter avec le fabuleux mouvement du monde. La poétique de cette vidéo est de traduire, transcrire, symboliser plastiquement la matière temps qui est à l’œuvre, de réanimer cette conscience aigüe de l’instant, en nous servant de celle-ci comme d’un point de départ pour l’inscrire dans le transitoire grâce à l’image en mouvement.
Ce travail est également un hymne à la rencontre entre la lumière et l’un des ascenseurs d’imaginaire les plus grandioses, le nuage. Objet de fascination inépuisable grâce à sa plastique mouvante et protéiforme, le nuage peut aussi être caractérisé plus prosaïquement comme un écran qui réfracte la lumière. Sans elle, ce phénomène céleste resterait invisible à nos yeux, mais, paradoxalement, cette lumière qui le fait exister l’amène aussi parfois à disparaître…